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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 09:18

chineEn une décennie, l’omniprésence chinoise dans le monde est devenue une réalité. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Courrier International qui consacre aujourd'hui un numéro spécial au pays du soleil levant. Pékin a su développer son influence économique dans de nombreux domaines par la mise en place d'une stratégie cohérente, continue, initiée et suivie de près par l'Etat. Les technologies de l'information n'échappent pas à la règle: au contraire, elles l'illustrent particulièrement bien. Une préférence nationale garantie sur le marché intérieur, des facilités financières accordées par des banques publiques ont permis à Huawei et ZTE, équipementiers en réseaux et terminaux de télécommunications de devenir des acteurs de dimension internationale.


zte.gifSi Huawei est souvent cité en exemple, en raison de son exceptionnelle croissance, de son manque de transparence et de son objectif de leadership mondial, n'oublions pas qu'une autre société veut suivre cet exemple: ZTE, dont les résultats annuels ont été publiés hier. Les deux industriels sont à la fois frères ennemis et cousins éloignés. Frères ennemis car leur rivalité est notoire, à tel point que les opérateurs n'hésitent pas à les mettre en concurrence, sachant que les prix termineront à un niveau plancher, aucune des deux sociétés n'acceptant de perdre contre l'autre. Cousins éloignés car Huawei et ZTE se sont formés selon deux modèles différents, comme si les autorités chinoises voulaient tester deux stratégies: ZTE est cotée en bourse, ce qui explique d'ailleurs selon elle en partie le retard de sa croissance par-rapport à Huawei, société privée dont les parts sont détenues en majorité par les employés. Autres différences: ZTE est davantage présent sur le marché des terminaux où elle talonne Sony-Ericsson pour la quatrième place mondiale. Huawei se positionne en challenger du leader mondial Ericsson dans le secteur des infrastructures, et réalise 75% de ses revenus hors de Chine, contre 50% "seulement" pour ZTE. Enfin, l'état chinois est clairement actionnaire de ZTE, alors que les liens entre Huawei et les autorités de Pékin sont moins évidents, bien que son charismatique Président Ren Zhen-Fei soit issu de l'Armée Populaire de Libération.


huaweiLe retard de ZTE par-rapport à Huawei dans l'expansion internationale semble avoir courroucé ses actionnaires, puisque le Directeur général a été remplacé il y a quelques jours: Shi Lirong succède à Yin Yimin. Le Président du conseil d'administration de ZTE,  Hou Weigi, a précisé les objectifs de la nouvelle direction: "nous sommes sûrs que Mr Shi va poursuivre avec succès notre objectif de devenir un leader global dans le domaine des équipements télécoms". Autrement dit, ZTE doit rattraper son retard sur Huawei par tous les moyens. Rappelons quelques chiffres: avec des revenus de $8.8 Mds en 2009, ZTE reste petit par-rapport à Huawei qui pèse près de deux fois plus lourd, soit $16.2 Mds la même année. En revanche, les taux de croissance annuels des deux tigres industriels sont inversement proportionnels: 36% pour ZTE et 19% "seulement" pour Huawei. Rappelons que tous les autres équipementiers occidentaux (Ericsson, Alcatel-Lucent, Nokia-Siemens) ont présenté des taux de croissance négatifs sur la même période. Pour 2010, les frères ennemis gardent le cap: Huawei voudrait croître encore de 20%, et ZTE dit continuer à surperformer ce chiffre pour combler son retard.


Qui aurait parié sur ces deux sociétés de Shenzen dans les années 1990 ? A l'époque, Nortel, Lucent, Nokia, Alcatel et Ericsson régnaient en maîtres incontestés sur les marchés des télécommunications fixes et mobiles. Aujourd'hui, la concurrence engendrée par la compétitivité chinoise laisse des cadavres d'entreprise sur la route. Pour résister à ce rouleau compresseur, les équipementiers européens se serrent la ceinture, espèrent un minimum d'intervention publique (comme on l'a vu pour Free mobile) et jouent sur les enjeux du développement durable et de la responsabilité d'entreprise. Ils espèrent aussi une chose: que la lutte intestine entre sociétés chinoises, au lieu de provoquer une concurrence positive, finisse par décrédibiliser et fragiliser les frères ennemis dont la haine réciproque pourrait aveugler au point de provoquer des erreurs stratégiques. 

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